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Comptes rendus

Delteil en détail, n° 39-2011 des Cahiers de l’Université de Perpignan

Éd. par Anne-Lise Blanc, Presses Universitaires de Perpignan, 192 p.
Jean-Noël Pascal
Référence(s) :

Delteil en détail, n° 39-2011 des Cahiers de l’Université de Perpignan, éd. par Anne-Lise Blanc, Presses Universitaires de Perpignan, 192 p.

Texte intégral

1Il serait dommage que ce petit collectif, issu d’une journée d’étude tenue en mars 2010 et publié dans les discrets Cahiers de l’Université de Perpignan, passât inaperçu, car il constitue une fort belle invitation à relire l’œuvre finalement toujours assez mal connue de Joseph Delteil, dont sont étudiées ici quelques-uns des ouvrages les plus significatifs en même temps qu’est caractérisé, plus marginalement, le caractère ambigu d’un écrivain pas toujours bien compris. Sans chercher à donner un inventaire exhaustif de contributions toutes intéressantes à des titres divers, on relèvera cependant la réussite de l’étude de Mireille Courént, qui donne à relire le premier recueil poétique (Le Cœur grec, 1919) d’un Delteil alors situé, comme son modèle Henri de Régnier, quelque part entre Parnasse et Symbolisme, avec de curieuses dissonances décadentes dans une versification classique où les notes d’effroi retentissent avec éclat. On goûtera les analyses claires et élégantes d’Anne-Lise Blanc qui nous invite à faire la part du romanesque et de la poésie dans Perpignan (1927), texte génériquement incertain – comme bien des ouvrages de Delteil, ainsi que le signale l’article de Marie-Françoise Lemonnier-Delpy – et constitué de bribes qu’unifie un imaginaire sensible, ou celles – plus appliquées mais éclairantes – consacrées par Cécile Yapaudjian à « la poésie des noms » dans Choléra (1923), le deuxième roman de l’auteur. On lira encore avec intérêt les deux contributions consacrées à Jeanne d’Arc (1925) par Aude Bonord et Rim Taga-Gabsi : comment ne pas convenir avec la première que Delteil se soit tourné vers la narration de vies inventées pour réinventer la sienne ? On trouvera sans doute un peu bavard l’enthousiasme de Mathieu Gimenez, qui célèbre plutôt qu’il n’analyse l’étonnante (et tardive) Cuisine paléolithique (1964), dont cependant il souligne à raison l’étrange poéticité. On aura peut-être quelque peine à suivre la rhapsodie bien décousue de Robert Briatte, grand spécialiste pourtant de l’œuvre de Delteil, sur les hésitations politiques de l’écrivain, mais l’on remerciera avec enthousiasme Hyacinthe Carrera d’avoir terminé son étude intitulée « Joseph Delteil paysan ? » – vigneron, en fait, surtout – par une extraordinaire et longue citation d’un passage somptueux de Choléra, traversé de fulgurances poétiques qui font passer sans contestation possible bien des romanciers dont on vante le style pour des écoliers appliqués ou des précieuses ridicules.

2Le recueil, de belle présentation et de grand intérêt, est agrémenté d’illustrations très bien venues de Gérard Blanc, qui surgissent au détour de la page en provoquant de riches échos avec les textes, et d’une contribution assez déroutante de la romancière belge Colette Nys-Mazure, qui pratique allègrement l’autocitation pour attester d’une filiation, apparemment, un rien problématique.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Jean-Noël Pascal, « Delteil en détail, n° 39-2011 des Cahiers de l’Université de Perpignan  »Littératures [En ligne], 66 | 2012, mis en ligne le 26 décembre 2013, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/litteratures/221 ; DOI : https://doi.org/10.4000/litteratures.221

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Auteur

Jean-Noël Pascal

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